Pour le droit à la déconnexion

Parce que les ingénieurs, cadres et techniciens sont toujours plus connectés à leur travail, week-end compris, L’UGICT-CGT lance une campagne pour une réduction effective du temps de travail à travers le « droit à la déconnexion ».

  • Les ingénieurs, cadres et techniciens travaillent bien plus de 35 h, nous exigeons une réduction effective du temps de travail et un encadrement des forfaits-jours. Le travail numérique ne doit plus être dissimulé, nous exigeons un décompte, une rémunération et/ou récupération de l’ensemble des heures effectuées.
  • Protéger la vie privée et les temps de repos des salariés et garantir l’application de la loi sur les temps de travail de nuit et le dimanche : instituer un droit à la déconnexion.

Le temps de travail bien supérieur à 35 h

L’enquête de la DARES du 26 juillet 2013(1) indique que la durée moyenne hebdomadaire pour l’ensemble du salariat à temps complet est de 39,5 heures. Elle est donc bien supérieure à la durée légale hebdomadaire de 35 h.

Pour les cadres, l’horaire hebdomadaire est passé de 42,6 h en 2003 à 44,1 h en 2011. Pour les seuls salariés en forfait jours l’horaire hebdomadaire moyen est de 45 h !

Si le temps de travail moyen des salariés était de 35 h, cela libèrerait 2.8 millions d’emplois.
Suite par la plainte déposée par l’UGICT-CGT, la législation française sur les forfaits-jours a été condamnée par le Comité Européen des Droits Sociaux (CEDS) en avril 2011 pour violation de la charte sociale européenne. Ces conclusions ont été reprises par la cour de cassation et conduisent à l’annulation de nombreuses conventions de forfaits-jours. Ainsi, ce ne sont pas moins de sept accords de branche qui ont été annulés : BTP, Syntec, experts comptables, industrie chimique, habillement, commerce de gros et aide à domicile en milieu rural. Pourtant, la loi française n’a toujours pas évolué pour se mettre en conformité avec le droit international et la jurisprudence, et les salariés en forfait jour sont toujours plus nombreux (12,5 % des salariés travaillant à plein temps, toutes catégories confondues).

Le travail de nuit augmente également et ce sont maintenant 3,5 millions de personnes, dont plus d’un million de femmes, qui travaillent régulièrement la nuit , soit un million de plus qu’il y a 20 ans.

Ces chiffres officiels sont encore bien loin de la réalité, puisque 75 % des cadres et 39 % des salariés déclarent utiliser les nouvelles technologies pour leur usage professionnel sur leur temps personnel.

L’augmentation de la charge de travail et l’intensification du travail - les interruptions incessantes, le travail en open space… - conduisent de plus en plus souvent les salariés à utiliser les TIC pour travailler à domicile ou dans les transports. Ils construisent des stratégies pour faire baisser la pression au travail, et réalisent les tâches qui nécessitent du calme et de la concentration, et pour lesquelles ils n’ont pas besoin de leurs collègues, chez eux (lecture et réponse aux mails, rédactions de compte-rendu, de notes…).

A noter, les TIC permettent aux cadres et techs une plus grande efficacité dans leur travail, mais ils sont aussi responsables de l’augmentation de la charge de travail (mails, reporting, transfert de charges administratives) et de son intensification (les salariés peuvent être joignables en permanence, sont donc plus fréquemment interrompus et conduits à effectuer plusieurs tâches en même temps).

Ceci concerne bien-sûr les salariés en forfait jour, mais aussi de plus en plus de salariés à horaires collectifs. La généralisation de l’usage des TIC pour des raisons professionnelles en dehors des horaires et lieux de travail constitue donc un forfait-jour qui ne dit pas son nom.

Une disponibilité permanente et sans limite

Ce travail réalisé à la maison ou dans les transports n’est en général ni reconnu ni comptabilisé, et dépasse très souvent les limites horaires imposées par la loi. Seuls une infime minorité des salariés est considéré officiellement comme télétravailleur, et bénéficie du cadre prévu par l’Accord National Inter- professionnel de 2005.

Les TIC permettent une disponibilité permanente et sans limite et la frontière entre vie professionnelle et vie privée est beaucoup plus floue.

Il s’agit d’une remise en cause du fondement du droit du travail qui garantit que le lien de subordination entre le salarié et l’employeur doit être temporaire et délimité dans le temps. Les salariés « nomades » sont particulièrement exposés : les déplacements à titre professionnel, notamment lorsqu’ils nécessitent de « découcher » se traduisent par une augmentation du temps de travail non reconnu (travail dans les transports ou à l’hôtel par exemple), par des temps de repos inférieurs aux obligations légales et par une absence de protection des salariés en cas d’accident de travail. 68 %(3)  des cadres effectuent au moins un jour de déplacement  par semaine, et 41 % deux jours ou plus par semaine. 70 % des cadres affirment travailler pendant leurs trajets.  Pourtant  le « nomadisme » ne bénéficie d’aucun encadrement ni définition juridique.

Un travail dissimulé massif

Nous assistons donc à un mouvement d’explosion du travail dissimulé chez les ingénieurs, cadres et techniciens et à une remise en cause du fondement du droit du travail. 75 % des cadres effectuent, via les TIC, du travail au noir.
De nombreux sondages font état de l’ampleur de cette situation. Cependant, le travail réalisé par les salariés en-dehors de leur lieu et temps de travail est absent de tous les radars officiels : aucune étude ne permet de chiffrer le phénomène, aucune évaluation ou décompte n’est réalisé dans l’entreprise ou dans les statistiques officielles (DARES, INSEE, ACOSS…).

L’UGICT interpelle donc le comité national de lutte contre la fraude et demande à ce qu’ une étude soit réalisée pour chiffrer le nombre d’heures de travail au noir réalisées par les salariés en dehors de leur lieu de travail, et évaluer le montant des cotisations non recouvrées par la sécurité sociale. Cette étude doit permettre l’adoption de dispositions pour encadrer l’usage des TIC, pour faciliter le contrôle et limiter la fraude sur le temps de travail des salariés.

consultez le blog de la campagne (lien ci-dessus Ugict CGT) : consultation, simulateur d’heures sup’, pétition…

Lien
Mots-Clés : # #
Imprimer cet article Télécharger cet article

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.