10 % d’effectifs supplémentaires, 10 % d’augmentation des rémunérations, une réduction de 10 % du temps de travail… la CGT et ses fédérations de la fonction publique lancent une vaste campagne intitulée « 10 % pour la fonction publique », dans l’intérêt des usagers et des professionnels.
À nouveau, les services publics et les fonctionnaires et agents qui les font fonctionner ont montré et montrent à l’occasion de la crise sanitaire, leur caractère incontournable au service de la population. C’est particulièrement vrai dans la santé, mais c’est le cas en fait dans tous les domaines, en particulier les services de proximité. Ils participent notamment des amortisseurs sociaux d’autant plus indispensables que la pauvreté et les inégalités se sont particulièrement accrues depuis mars.
Dans ce contexte, « de nombreux agents publics se trouvent particulièrement exposés au risque épidémique », souligne la CGT, qui vient de lancer, le 10 décembre, une campagne intitulée 10 %, lors d’une conférence de presse rassemblant les fédérations des trois volets de la fonction publique (Santé et Action sociale, Services publics et Fonction publique d’État) et à laquelle participait Philippe Martinez, secrétaire général de la confédération.
10 %, ce n’est pas « un chiffre magique », a souligné Baptiste Talbot, coordinateur de la CGT Fonction publique, mais indique « le niveau d’effort nécessaire pour répondre à l’urgence et marquer une rupture avec les politiques d’austérité ».
Car en dépit des besoins, le gouvernement poursuit « des réformes régressives », continue de refuser une « inflexion budgétaire significative » pour financer les missions et les emplois suffisants pour les mener, et s’obstine à geler encore « la valeur du point d’indice » des salaires, se contentant de primes pour une minorité d’agents, lesquelles ne compteront pas, en outre, dans le calcul de leurs retraites.
500 000 emplois pour mener à bien les missions publiques
Aussi, première organisation syndicale dans la fonction publique, la CGT réclame-t-elle 10 % d’effectifs en plus, pour «commencer à répondre aux besoins criants d’effectifs, en premier lieu à l’hôpital public. » Elle souhaite ainsi la création de 500 000 emplois pour le service public après des années d’austérité et de restriction en matière d’effectifs, avec des conséquences dramatiques notamment dans le secteur de la santé, mais aussi dans l’éducation, la recherche, ou nombre d’administrations comme les douanes, ou bien les impôts en dépit des besoins immenses pour lutter contre la fraude fiscale.
Augmenter les effectifs, rappelle la CGT, s’avère une nécessité pour accomplir correctement les missions de service public pour les usagers, et aussi contribuer à de meilleures conditions de travail, et à « combattre les nombreux burn-out et dépressions qui sévissent dans les services publics, permettre aux agent·e·s d’avoir le temps de se former et de se ressourcer ».
Rattraper dix ans de gel du point d’indice des rémunérations
La CGT demande aussi 10 % d’augmentation de la valeur du point d’indice afin de « rattraper les pertes accumulées depuis juin 2010 et le début de la politique de gel de la valeur du point », mais également « pour revaloriser les carrières des filières à prédominance féminine », « première étape significative » pour réduire les inégalités salariales entre les femmes et les hommes.
Cette revendication est d’autant plus importante que « plus de 1,2 millions d’agent-e-s sont actuellement payés entre le smic et le smic + 10 % », ce qui représente encore beaucoup moins « pour celles-ceux qui sont à temps incomplets imposés. »
Elle revendique de même l’abrogation du jour de carence – le Sénat a voté le 8 décembre en faveur de la suspension de l’application du jour de carence, mais seulement pour les agents publics arrêtés en raison de l’épidémie de Covid-19 – et de la loi dite de Transformation de la Fonction publique adoptée en 2019 qui prévoit notamment un recours accru aux contractuels, introduit la rémunération au mérite, met en place la fusion des instances représentatives du personnel…
Dans la même veine, la campagne porte sur une réduction de 10 % du temps de travail, qui s’inscrit dans la revendication de la confédération d’un temps de travail hebdomadaire de 32 heures pour permettre de travailler tous et de travailler mieux.
Débattre et mobiliser
Autour de ces propositions, la CGT et les trois fédérations prévoient des initiatives en territoire dans les prochains mois. « Nous avons enfin la volonté de nourrir le débat citoyen à venir en prévision des prochaines échéances électorales », précise Baptiste Talbot, qui se félicite que « Les manifestations contre le projet de loi Sécurité globale, et les nombreux mouvements revendicatifs dans la période, démontrent la disponibilité pour l’action et la possibilité de réussir des mobilisations de masse »
décembre 2020 | Mise à jour le 14 décembre 2020 – Article de la NVO – Isabelle Avran